Sur "Critique de la raison pure" (2)
Posted on April 15, 2017
Quelques notes supplémentaires sur Kant, la Critique de la raison pure et les Fondements de la métaphysique des moeurs. Ce billet fait suite à d’autres notes prises lors d’une session d’AOF 2016.
Fin de la Critique de la Raison Pure
- Les idées absolues agissent comme régulateurs de la raison, mais quant elles sont entendues commes principes consitutifs elles produisent des antinomies, génère des débats entre des alternatives qui ne peuvent se résoudre car elles sont soit toutes deux fausses, soit toutes deux vraies: aucune expérience et partant aucune déduction de l’entendement ne peut permettre de décider
- dans l’ordre du monde la série des causes n’est ni finie ni infinie, mais indéfinie : étant dans le monde, on ne peut que poursuivre l’enquête, chercher à comprendre et remonter les chaînes de causalité sans jamains espérer atteindre une réponse définitive qui ne pourrait se trouver que hors du monde
- dans l’ordre du sujet, la raison permet d’assurer l’unité du sujet en absolutisant toutes ses expériences et pensées dans une substance unique et simple, mais il n’est pas possible d’en faire une expérience directe. La raison pure est condition d’affirmation du sujet par le je pense mais ne peut fonder son existence,
- De même pour l’idée de Dieu, produite par la raison comme un principe régulateur de l’unité de l’expérience du monde, d’une synthèse globale du réelle : penser un grand architecte permet d’offrir un fondement défini à la série des causalités
- la raison est paresseuse quand elle croit en ses principes comme étant constitutifs d’une chose réelle: en se contentant d’un explication absolue, elle s’arrête de faire son travail qui est de chercher à comprendre. La compréhension n’est plus alors fondée sur l’entendement mais sur le dogme
- Il n’y a pas de fondement expérimental possible aux idées de la raison pure, ces idées ne servent que de “point de fuite” pour les raisonnements de l’entendement qui eux nécessitent un contenu empirique. C’est donc une erreur de prétendre connaître Dieu, l’immortalité de l’âme ou l’infini du réel
- Il est légitime de postuler une cause unique comme un outil pour nous aider à comprendre le divers du réel, comme une hypothèse scientifique, mais elle ne doit jamais nous empêcher de chercher à prolonger notre compréhension de la chaîne des conditions. Pour la connaissance, la volonté de Dieu ou l’ordonnancement de la Nature sont équivalents
- Il y a un usage pratique, c’est-à-dire aux fins de jugement, de la raison pure: parce qu’elle nous porte naturellement à penser à l’immortalité de l’âme (existence d’une substance simple) et à l’existence de Dieu (existence d’un être parfait à l’origine de toute chose) elle nous rend moraux. Autrement dit, c’est parce que l’homme a un sens moral qu’il croît en Dieu.
Fondement de la métaphysique des moeurs
- La morale est fondée sur des impératifs, des devoirs qui s’imposent à moi, qui donnent une direction à mon intention quels que soient les résultats effectifs de mes actes. La morale en acte est la volonté bonne
- Une morale universelle doit valoir pour tous les êtres de raison, ce qui implique qu’elle ne puisse être fondée sur une expérience particulière, même élargie à l’espèce humaine, mais doit être trouvée dans la raison elle même
- L’expérience et la raison empirique ne sont sources que d’impératifs hypothétiques limités dans le temps, l’espace. Tout impératif moral de ce genre peut se voir opposer d’autres impératifs hypothétiques et les lois morales ne sont alors que relatives
- Le devoir authentique provient d’impératifs catégoriques, applicables en tous temps et tous lieux
- Un impératif lie des moyens à des fins, il définit quelles sont les fins qui doivent être tandis que la raison pure définit les fins qui peuvent être
- La seule fin qui ne soit pas ancrée dans une expérience particulière est l’être de raison même, la personne: la seule fin qui soit commune à tous les êtres est l’existence (c’est le conatus spinoziste déguisé…)
- De même qu’il n’y a qu’une seule fin universelle, il n’y a qu’un seul impératif catégorique qui se décline en trois formulations:
- “Agit de telle sorte que toute personne ne soit pas considérée uniquement comme un moyen mais aussi comme une fin”
- “Agit de manière à ce que ta maxime ait valeur universelle”
- “Agit comme un législateur universel”
- La morale issue de l’impératif catégorique est une morale de l’autonomie: je suis moral parce que je suis un être rationnel et la loi morale que je m’impose, s’impose à tous les êtres de raison universellement. Je suis le législateur et le censeur de moi même
- A contrario, toute autre morale produit de l’hétéronomie: ce sont des règles extérieures, contingentes, qui s’imposent à moi de manière arbitraire. Si j’agit moralement parce que j’applique les commandements d’un texte, quel qu’il soit, je suis “agi” (je ne suis pas actif, mais passif eut dit Spinoza: je ne suis pas guidé par ma raison mais par des émotions et des actes extérieurs)
- C’est parce que nous sommes libres, ou plus précisément parce que nous avons l’idée de la liberté, que nous somme moraux en tant qu’entités autonomes. Mais c’est parce que nous sommes à même de nous donner des lois, donc parce que nous sommes moraux, que nous sommes libres: il y a une apparente circularité
- Ce qui fait disparaître la circularité c’est que l’on parle de deux points de vues différents:
- D’un point de vue du monde sensible, phénoménal, nous sommes soumis aux lois de la nature et aux impératifs moraux. C’est le domaine de l’intuition (sensible, appréhension du réel au travers des sens et des catégories de l’espace et du temps) et de l’intellect, et celui de l’hétéronomie,
- Mais du point de vue du monde intelligible, de la raison pure, nous sommes à même de produire des idées inconditionnées, donc nous sommes libres et autonomes.