Sur "Critique de la raison pure"
Posted on May 5, 2016
Ceci est une retranscription d’un cours improvisé par Peggy Penez-Avez lors d’une session d’Agile Open France 2016, conçu plus ou moins comme une expérimentation du Dojo Philo. J’ai pu ajouté quelques notes personnelles…
- Kant développe une philosophie transcendantal et cherche à répondre à la question “que puis-je connaître ?”, qui peut se comprendre à la fois comme “qu’est ce qui est digne d’être connu ?” et “qu’est ce que mes facultés me permettent de connaître ?”
- Il s’agit donc d’explorer les condition de possibilité d’une connaissance, qui se résument (à l’époque de Kant) à trois approches:
- dogmatique: on peut tout connaître et en particulier l’existence de Dieu peut être objet d’une connaissance, toute la métaphysique est un objet de connaissance. Le problème, c’est que les thèses métaphysiques sont en désaccord les unes avec les autres, qu’il semble ne pas y avoir de progrès dans ce domaine : peut on vraiment parler de connaissance alors ?
- sceptique et empiriste: Hume réveille Kant du sommeil de la raison. Pour les sceptiques, la base des idées ce sont les observations et l’expérience, pas la raison (interne) : je dis que le soleil va se lever parce que j’en ai l’habitude, qu’il se lève tous les matins que j’ai pu expérimenter. L’esprit a l’habitude de voir une succession entre les phénomènes et en déduit une relation de causalité mais rien ne permet de prouver que c’est bien la réalité (en termes modernes, on pourrait parler d’une confusion entre corrélation et causation). Ce qu’on prend pour de la connaissance n’est que de la croyance partagée
- critique: l’expérience est fondamentale pour qu’il y ait connaissance, mais pas que. C’est l’approche de Kant.
- Les questions de l’existence de Dieu, de l’âme et d’autres questions métaphysiques ne peuvent pas être objets d’expérience. Ces idées ne sont pas dans la connaissance mais dans la pensée et il y a donc une différence entre pensée et connaissance
- Il faut donc exclure du champ de la connaissance les objets de la philosophie et en faire donc la critique
- Ce que nous connaissons par l’expérience, nous le connaissons objectivement, donc il n’y a pas d’expérience s’il n’y a pas de catégories en nous permettant de construire cette connaissance à partir de l’expérience
- Le transcendental est ce dont l’expérience a besoin pour exister, ce qui est a priori et permet de former des jugements synthétiques a priori
- Les formes a priori de la sensibilité (intuition) sont le temps et l’espace : tout ce que je perçois est dans l’espace et le temps, c’est une disposition qui est nécessairement en nous pour qu’il y ait expérience
- Les concepts a priori de l’entendement sont au nombre de 12, par groupes de 3 (inspirés des catégories aristotélicienne):
- Quantité: Unité, Pluralité, Totalité
- Qualité: Réalité, Négation, Limitation
- Relation: Substance/accident,Cause/Effet,Réciprocité
- Modalité: Possibilité/impossibilité, Existence/non-existence, Nécessité/contingence
- Les objets d’expérience possibles sont les phénomènes. Rien ne prouve que le réel soit identique aux phénomènes, le réel en soi (nouméne) ne peut être connu.
- L’enjeu de Kant qui s’inscrit dans le mouvement des Lumières est d’atteindre à l’universalité de la raison. Ce que l’on peut connaître et penser peut l’être par tous les êtres humains, parce qu’il ne peut être autrement que ce qu’il est en vertu des conditions nécessaires à la raison
- La méthode relève quelque peu de l’imagination d’un maniaque qui prétendrait repartir de 0. Kant divise l’exposition en:
- l’esthétique transcendantale, qui est la définition des formes de la sensibilité
- l’analytique transcendantale, qui construit les concepts a priori de l’entendement
- la dialectique transcendantale enfin, qui définit les limites de la connaissance et ce que l’on peut penser en dehors d’elle.
- Si je ne peux pas connaître Dieu, pourquoi en ai-je l’idée ? C’est un travers de l’esprit qui cherche systématiquement à absolutiser : par exemple l’idée de Dieu est l’absolutisation de la causalité
- Cette tendance à la totalisation nous pousse à l’inconditionné, à chercher des fondements absolus et définitifs à toute chose
- C’est une “maladie” de l’esprit d’élaborer des illusions à partir des catégories de l’entendement, en dehors de toute expérience possible
- Mais par ailleurs l’impossibilité de s’arrêter à l’expérience fait de l’homme un être libre et moral. Les idées de la raison qui ne sont pas de l’ordre de la connaissance sont la condition de la vie morale
- L’idée morale chez Kant consiste à renverser la proposition “tu peux donc tu dois” en “tu dois donc tu peux”: c’est l’impératif catégorique